Renaud, « toujours debout » mais pas encore « en marche »

Y’a des jours où l’on a le nez creux. Comme cette journée de congés prise pile à la date du lancement de l’album de Renaud. C’est donc avec la nouvelle livraison du maitre au foulard que je me suis réveillé ce matin, comme un paquet de petits sauvageons si l’on en croit les media et les réseaux sociaux.

Parce que nombreuses étaient les sources d’inquiétude pour les fans de l’autoproclamé Phénix. Après tant d’années en retrait à s’aniser sur les bords de la Sorgue nous pouvions légitimement nous interroger sur l’état de son organe vocal. Le slam « Ta batterie » posé en octobre sur l’album de Grand Corps Malade laissait perplexe tandis que le titre teasing « Toujours Debout », sorti en janvier, était plutôt rassurant. Et bien c’est le même constat d’inégalité que l’on dresse à l’écoute de cet album. Après un joli numéro d’équilibriste sur la magnifique balade « Heloise », Renaud titube sur la très rythmée « nuit en taule ». Heureusement pour ceux qui ont déjà rempli les salles de sa tournée marathon qui débutera en octobre, l’album a été enregistré cet hiver et l’artiste a encore quelques mois pour se muscler la voix.

Côté textes c’est aussi les montagnes Russes. Renaud n’a pas peur de brasser la sombre actualité de 2015. C’est plutôt réussi dans son récit de la marche républicaine « j’ai embrassé un flic ». C’est un peu plus lourdaud dans Hypercasher (« Au magasin casher, ce fut l’enfer »). On ne peut également s’empêcher de comparer certains titres à leurs glorieux ainés comme ce petiteconnesque « Dylan » qui raconte la mort d’un gamin dans un accident de voiture. Le tout est globalement emprunt de tristesse et de mélancolie. On ressent à échéance régulière le mal qui a rongé et ronge certainement encore l’homme. Après tout, Renaud chantait dans « Cent ans » que « la souffrance c’est très rassurant, ça n’arrive qu’aux vivants ». Il est donc naturel qu’il sonne son retour à la vie en déballant ses maux avec « les mots » qu’il affectionne tant.

En résumé, la recette d’un bon album de Renaud ce sont ces histoires qui s’entremêlent et nous touchent. Ici on peut dire qu’elles s’entrechoquent maladroitement mais sourires et larmes ne sont jamais bien loin. Bien sur il y a des passages prévisibles voire un peu poussifs mais le maitre à écrire est toujours capable de savoureuses éjaculations comme ce slam qui ponctue avec insolence l’album. L’extrait date un peu mais il nous rappelle combien le poète sait évoluer avec son temps tout en restant libre.

Même si il ne marche pas encore complètement droit Renaud est clairement toujours debout.

2 réflexions sur “Renaud, « toujours debout » mais pas encore « en marche »

  1. merci beaucoup pour ce nouvel album super génial une fan de toujours, qui attend le 18 février 2017 avec grande impatience notre rendez-vous au Zenith d’Auvergne. Big bisous Thalie.

    J’aime

  2. Un disque un peu inégal en somme ..Je suis content de voir Renaud de retour sur le devant de la scène et que cet album remporte un énorme succès actuellement . Je passe mon tour concernant son acquisition, je me contenterai d’entendre « Toujours debout » et « J’ai embrassé un flic » sur les radios .. Joli billet en tout cas !

    J’aime

Laisser un commentaire